Le secrétaire du Conseil du discernement du bien de l’ordre islamique et commandant du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), Mohsen Rezaei a demandé à la marine américaine et surtout aux navires et aux porte-avions US « de tenir bien à distance des vedettes rapides du CGRI dans les eaux du golfe Persique ». La phrase est tombée peu après que les États-Unis ont la folle idée de blacklister le CGRI, décision aussitôt ripostée par l’Iran pour qui « les GI’s sont des terroristes et des pirates de mer à abattre ».
« M. Trump, dites à vos navires de guerre de ne pas passer trop près des bateaux des Gardiens de la Révolution », a déclaré mardi M. Rezaei, cité par ISNA, en allusion à la riposte décidée par les plus hautes instances de l’État iranien contre le CentCom en Asie de l’Ouest.
En effet, toutes les forces américaines, terrestres, aériennes, navales, déployées dans le golfe Persique et dans la corne de l’Afrique s’exposent désormais aux actes militaires de l’Iran au cas du moindre incident. Le CentCom a d’ailleurs été formé dans les années 80 quant l’Irak de Saddam se battait contre l’Iran pour rendre service aux intérêts US. Mais ce temps est définitivement révolu. A l’époque, le CentCom avait du mal à apprendre aux bâtiments de guerre placés sous commandement à éviter les mines marines iraniennes et il en a perdu un bon nombre. C’est de cette époque qui date les premiers face-à-face entre les Etats Unis et les Gardiens de la révolution.
Après le 11 septembre 2001, le CentCom est devenu l’un des plus importants centre de pilotage de guerre US avec des ramifications en Irak et en Afghanistan, puis en Syrie, et en Asie centrale : toutes les actions militaires et les opérations de renseignement des forces américaines se font à partir du CentCom qui engage des milliers de GI’s, de marines aussi bien à Bahreïn et au Koweït qu’au Qatar.
En effet ces dernières années de nombreux incidents se sont opposés les militaires US aux forces du CGRI qui scrutent aux millimètres près tout transit et circulation non seulement via le détroit d’Hormuz mais aussi dans le golfe Persique et au-delà en mer Rouge. En 2014, un avion de transport US avec à son bord des militaires destinés à être déployés en Afghanistan s’est infiltré dans l’espace aérien iranien. Croyant pouvoir distraire la DCA iranienne, il a changé son nom de code. La ruse n’a pas fonctionné et l’appareil a été amené à atterrir de force à l’aéroport internationale de Bandar Abbas au sud de l’Iran. L’année d’après, 10 marines US ont été capturés par le CGRI alors que leur embarcation s’aventurait dans les eaux territoriales iraniennes dans le golfe Persique. L’opération n’a engagé que deux vedettes rapides du CGRI. Dans l’un comme dans l’autre cas, les États-Unis ont été amenés à s’excuser pour d’abord limiter la casse et surtout pour éviter l’escalade. Coté iranien, ces excuses ont été jugés suffisants pour clore le dossier. Mais depuis le lundi 8 avril, la donne a changé, ainsi que l’a rappelé le commandant en chef du CGRI, le général Mohammad Ali Jaafari : » l’ère de la clémence est derrière nous ».
Dans un récent article, Reza Nasri, le juriste international, prévoit la perspective de ce qui pourrait être désormais la situation pour les forces US dans la région .
Puisque l’Iran a blacklisté le CentCom, les militaires américains seront traités au même titre que les terroristes d’al-Nosra, de Daech et …: En cas d’arrestation sur le territoire iranien ou dans ses eaux territoriales, les militaires US recevront le même traitement que les soldats d’Abou Bakr al-Baghdadi et d’autres gourous du genre. Cette mesure est parfaitement légal puisqu’elle s’inscrit dans le cadre du droit international. D’ailleurs les préparatifs en ont été projetés par le ministère des Affaires étrangères et le Conseil suprême de la sécurité nationale et relève d’une riposte aux droits bafoués de l’Iran et des Iraniens.
En effet, le « blacklistage » du CGRI rend nul et non avenues les Conventions de Genève lesquelles pourraient recadrer le statut des prisonniers de guerre US en cas de face-à-face avec l’Iran. Puisque le CGRI n’est plus considéré comme faisant partie d’une armée étatique, il est parfaitement endroit de ne pas agir en fonction de ces Conventions. Plus globalement, l’Iran est parfaitement en droit de se retirer de ce type de conventions, perspective éminemment dangereux pour tous les pays dont les forces sont présentes dans la région.
Au CICR, à l’ONU, à l’UE et aux pays de la région donc à jouer la médiation et à pousser le Congrès US à annihiler cette décision de Donald Trump! Et enfin, il y a la riposte des alliés de l’Iran dont et avant tout l’Irak : sur base des pactes militaires existant, les autorités iraniennes pourraient mener des consultations avec le gouvernement irakien pour que ce dernier « expulse » les militaires américains d’Irak ou qu’il accélère « le processus d’expulsion déjà lancé par le Parlement irakien ».
Les jours difficiles commencent pour le CentCom US.
Source: Avec PressTV