Avant même que le président iranien n’entame sa visite en Irak, signe que les relations irano-irakiennes entrent effectivement dans une phase « ultra stratégique », des sources israéliennes ont rapporté des agissements suspects, impliquant les militaires américains qui sont déployés en Israël et en Jordanie. Qu’est-ce qui inquiète à ce point les États-Unis et Israël, de voir l’État irakien réserver un accueil aussi chaleureux au président iranien? L’Amérique a-t-elle peur pour sa survie en Irak?
Selon DEBKAfile, site du renseignement militaire israélien, des renforts américains auraient été envoyés le mercredi 6 mars, en Irak depuis les bases américaines en Israël et en Jordanie. Le website diffuse l’information, le 9 mars, précisant que le lendemain de l’envoie de renforts US, les troupes américaines stationnées dans le bassin du golfe Persique ainsi que dans le sud de l’Europe notamment dans les bases militaires en Roumanie et en Bulgarie, ont été placées en état de « préparation avancée ».
Pourquoi? Selon le website, la décision américaine d’envoyer des renforts en Irak (et le site ne dit pas dans quelle région) intervient 24 heures après que Washington eut placé le nom du mouvement de Résistance irakien al-Nujaba (composante des Hachd al-Chaabi, NDLR) sur sa liste noire. DEBKA estime que cette démarche traduit ni plus ni moins la crainte que nourrissent les Américains face à la Résistance irakienne dont les « éléments sont largement déployés près des bases américaines dans l’est et le sud de la Syrie » et ce, sans compter les positions que ces derniers maintiennent à Al-Anbar où la présence US est de moins en moins tolérée et bien vue.
Partant de là, le Debka israélien ne peut pas, non plus, ne pas refléter la crainte qu’Israël alimente à l’adresse d’Al-Nujaba lequel a affirmé à plus d’une reprise être prêt à participer aux combats pour la libération du Golan occupé, si l’État syrien le souhaite. Cette crainte est bien ravivée dans la mesure où l’État syrien a lancé en trois jours deux avertissements comme quoi il se tenait prêt à en découdre avec Israël, si ce dernier se mettait en tête l’idée de vouloir « annexer le Golan » qu’il occupe.
Mais la crainte israélo-américaine n’en reste pas là : » Nessar al-Rabee, chef de la branche politique de la branche armée du puissant mouvement sadrist irakien, a appelé le parlement de Bagdad à adopter une loi ordonnant à toutes les forces étrangères de quitter le pays, constate DEBKA qui ajoute : et comme les troupes américaines constituent le gros de la présence étrangère, cette initiative législative a été perçue comme étant dirigée contre les États-Unis ». En effet, le fait que Muqtada Sadr soit disposé à ce que sa branche armée, la redoutable armée de Mahdi, source des attaques anti-américaines au lendemain de l’invasion de 2003, rejoigne les autres composantes des Hachd dans leur combat contre la présence militaire US en Irak inquiète terriblement l’axe Tel-Aviv-Washington. EN effet, le Parlement irakien travaille d’arrache pied à un projet de loi qui prévoit le retrait de « toutes les forces étrangères » basées en Iran, au prix d’une révision des accords imposés par Washington à Bagdad. À lire DEBKA, le clan américain avec à sa tête Mike Pompeo avait cru pouvoir inverser la dynamique d’expulsion des forces américaines en contactant le Premier ministre irakien, Adel Aabdel Mahdi. Peine perdue :
« Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exprimé, le vendredi 8 mars, les préoccupations des États-Unis dans un appel téléphonique avec le Premier ministre irakien Adel Abdul-Mahdi. Dans la soirée, le Premier ministre irakien a publié la note suivante: « Les États-Unis ne peuvent pas établir légalement de nouvelles bases en Irak et leur présence militaire actuelle doit se limiter à la lutte contre Daech et à la formation des troupes irakiennes ».
Selon le site, l’annonce du PM irakien a été interprétée comme un refus de laisser les États-Unis mener à bien leur projet de créer de « nouvelles installations militaires » en Irak « pour accueillir les troupes dont le président Donald Trump a ordonné le retrait de Syrie ». Énorme blocage qui intervient au pire moment de l’histoire de la stratégie moyen-orientale des États-Unis. Tout ceci pour dire , ajoute DEBKA, qu’une confrontation militaire entre les forces US et les Hachd et donc partant l’Iran est inévitable : » Car la rage US contre al-Nujaba s’explique par d’autres motifs. Le mouvement reste de loin l’un des plus performants en termes militaires, ce qui constitue un danger potentiel pour Israël qui se dit être prêt à bombarder l’Irak ou encore à annexer le Golan ».
Mais l’axe US-Israël est-il réellement apte à mener cette guerre? L’accueil réservé par les autorités irakiennes au président Rohani et le nombre et la nature des accords signés de part et d’autre permettent d’en douter. À moins de vouloir mettre en danger quelques 10 000 marines US, les États-Unis ne sauront pas choisir l’option de la guerre, ajoutent les analystes.
Source: PressTV