Normalement, une crise dans un pays étranger, comme celle qui secoue le Venezuela, ne devrait pas avoir d’impact sur les affaires domestiques aux Etats-Unis. Mais c’est sans compter le poids de la communauté vénézuélienne en Floride, un Etat clé dans la course à la Maison Blanche.
La Floride fait partie de ces « swing states », ces Etats indécis qui peuvent basculer à tout moment côté démocrate ou républicain et ont donc une importance capitale dans une élection présidentielle.
En 2000, la victoire du républicain George W. Bush était ainsi en grande partie due à son succès à Floride, Etat qu’il avait remporté par moins de 600 votes…
L’importance des 150.000 Vénézuéliens qui y résident actuellement – et sont très favorables à la politique agressive menée par Donald Trump à l’encontre de Nicolas Maduro – n’est donc pas à négliger en vue de l’élection présidentielle de 2020.
« La Floride est un Etat tellement contesté que le moindre changement politique pour un petit groupe a de grandes implications », explique Michael McDonald, professeur de sciences politiques à l’Université de Floride.
Seulement 36.000 personnes nées au Venezuela votent aux Etats-Unis, mais si on compte leurs descendants – immigrés de deuxième ou troisième génération – on arrive à des « dizaines de milliers » d’électeurs, selon Daniel Smith, professeur à l’Université internationale de Floride ».
Avec ses 21 millions d’habitants, la Floride est la porte d’entrée des Etats-Unis sur l’Amérique latine. Et les politiciens locaux doivent prêter une attention toute particulière aux remous dans des pays comme le Venezuela, Cuba ou le Nicaragua.
Le sénateur républicain de Floride Marco Rubio, fils d’immigrés cubains anti-castristes, est ainsi l’un des plus fervents opposants au président socialiste Nicolas Maduro.
De quoi s’attirer les bonnes grâces des Vénézuéliens émigrés en Floride, traditionnellement non marqués républicains ou démocrates, mais fortement opposés à la politique chaviste de Nicolas Maduro.
« Bien que je ne sois pas républicaine, je suis très sensible au soutien apporté par Trump et le gouvernement américain dans le conflit », a par exemple estimé Bettina Grand, actrice vénézuélienne de 53 ans qui réside à Miami depuis 10 ans.
« Gracias Trump »
Dans la métropole floridienne, il n’est pas rare de voir des drapeaux aux couleurs du Venezuela, et des affiches disant « Gracias, Trump ».
Pas une bonne nouvelle pour les démocrates, qui chercheront à reprendre la Maison Blanche lors de l’élection présidentielle de 2020, selon Tomas Regalado, ancien maire de Miami.
Les Vénézuéliens de Floride « font beaucoup de bruit », explique à l’AFP l’ancien élu républicain, en souvenir de ses années passées à l’hôtel de ville de Miami.
« Ils sont véhéments quand ils veulent défendre leurs idées. Ils sont incroyablement bons pour se mobiliser et attirer l’attention des médias », estime-t-il.
Les démocrates, voyant bien ce qui se passe sous leurs yeux, ont décidé de réagir pour aller draguer ce précieux électorat.
« Ils ne veulent pas être en retard », explique Daniel Smith. « Ils ne veulent pas être dépassés par l’administration Trump ».
Sur le terrain les élus multiplient les photos avec les leaders de l’opposition vénézuélienne, alors que des grands noms du parti, comme Bill et Hillary Clinton, ont appelé Nicolas Maduro à quitter le pouvoir et à laisser l’aide internationale entrer dans le pays.
« Je soutiens le président Juan Guaido, le Parlement et le peuple du Venezuela qui ont décidé de vivre en paix, de choisir leurs dirigeants et de décider de leur futur », a estimé le 42e président des Etats-Unis (1993-2001).
Surtout, plusieurs candidats déclarés à l’élection de 2020, comme Kamala Harris et Bernie Sanders, ont également agi de la sorte, appelant même l’administration Trump à étendre le statut de protection temporaire (TPS) aux Vénézuéliens. Pour, enfin, avoir un coup d’avance.
Source: AFP