Alors que le président du Nicaragua Daniel Ortega s’apprête à ouvrir des négociations avec l’opposition pour mettre fin à la crise, le conseiller américain à la sécurité John Bolton a affirmé que les jours du dirigeant sud-américain étaient comptés.
John Bolton nourrit une rancune tenace envers Daniel Ortega, le président du Nicaragua. Laissant entendre qu’un changement de régime désiré par Washington pourrait être imminent dans ce pays d’Amérique centrale depuis longtemps dans le viseur de l’Oncle Sam.
Le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump a écrit sur son compte Twitter le 20 février : «Comme l’a dit lundi le président Trump, les jours d’Ortega sont comptés et le peuple nicaraguayen sera bientôt libre.»
Le président du Nicaragua Daniel Ortega a pour sa part annoncé le 21 février des «négociations» avec l’opposition pour tenter de mettre fin à la crise politique, commencée le 18 avril 2018 et qui a fait 325 morts depuis dix mois, selon l’AFP.
Le gouvernement souhaite «préparer la table des négociations» le 27 février avec des représentants désignés par l’opposition pour «ouvrir une nouvelle voie» politique pour le pays, «car il n’est plus question de revenir à la situation antérieure» aux manifestations, a déclaré Daniel Ortega.
L’Alliance civique pour la justice et la démocratie, qui regroupe étudiants, entreprises, organisations de la société civile et des syndicats, a immédiatement annoncé qu’elle acceptait ces pourparlers et qu’elle y enverrait une équipe de six négociateurs.
Au pouvoir depuis 2007, le président Daniel Ortega est en effet confronté depuis le mois d’avril 2018 à des manifestations massives.
Celles-ci avaient initialement pour objet l’opposition à la réforme de la sécurité sociale que proposait le président du Nicaragua afin de réduire son déficit, suivant les recommandations du FMI.
Il s’agissait d’augmenter le montant des contributions des salariés et des employeurs, et de diminuer le montant des retraites de 5%.
Si la réforme a vite été abandonnée, le mouvement s’est peu à peu transformé en une campagne plus générale et violente pour le renversement du président, soutenue par Washington.
Une vieille rancune sur fond d’ingérence
Les États-Unis ont soutenu à maintes reprises le soulèvement populaire contre le gouvernement de gauche nicaraguayen.
En novembre 2018, John Bolton prononçait déjà un discours appelant à «l’effritement» de ce qu’il a appelé la «troïka de la tyrannie» composée, selon lui, du Venezuela, du Nicaragua et de Cuba, affirmant que ces États représentaient un «berceau sordide du communisme dans l’hémisphère occidental».
Ce n’est pas la première fois que John Bolton s’en prend à Daniel Ortega, qui a dirigé le Nicaragua de 1979 à 1990, avant de retrouver le pouvoir en 2007, sans toutefois parvenir à le déloger.
Déjà, dans les années 1980, le président des Etats-Unis Ronald Reagan avait dépensé beaucoup d’énergie et d’argent pour soutenir les rebelles de droite, appelés «contras», provoquant ainsi une guerre civile qui a duré presque toute la décennie et fait des dizaines de milliers de morts.
Les «contras», ou «contre-révolutionnaires», ont ainsi reçu un soutien massif de Washington, soutien fortement médiatisé par le scandale de l’affaire Iran-Contra.
John Bolton occupait plusieurs responsabilités à la Maison-Blanche sous Ronald Reagan. Il est très régulièrement accusé d’avoir joué un rôle crucial dans ce qui est devenu l’un des scandales politico-militaires les plus retentissants de l’histoire contemporaine des Etats-Unis.
Plusieurs hauts responsables du gouvernement fédéral américain avaient encouragé un trafic d’armes vers l’Iran en autorisant le transfert aux «contras» d’une partie des sommes reçues en échange, et ce malgré l’interdiction explicite du Congrès des États-Unis de financer ces combattants armés. L’affaire est toujours obscure à ce jour.
John Bolton aurait également joué un rôle dans la tentative d’entraver l’enquête du sénateur John Kerry sur les affaires de trafic de drogue dans lesquelles étaient impliqués les «contras». Un rapport de 1989 du comité des Affaires étrangères du Sénat américain sur les activités des «contras» dans le trafic de drogue concluait en effet que «des seniors politiques des États-Unis n’étaient pas opposés à l’idée que l’argent de la drogue était une solution parfaite pour les problèmes de financement des « contras »».
Le rapport poursuivait : «Les activités des « contras » inclut des paiements aux trafiquants de drogue par le département d’État des États-Unis autorisés par le Congrès en tant qu’aide humanitaire, dans certains cas après l’inculpation de trafiquants par des agences fédérales, dans d’autres alors que les trafiquants étaient sous enquête par ces mêmes agences».
Source: Avec RT