La diplomatie de l’Union européenne estime que la décentralisation du pouvoir en Syrie pourrait être une des clés pour pacifier et stabiliser ce pays ravagé par la guerre depuis près de six ans, d’après un document de travail que l’AFP a pu consulter jeudi.
Ce document, rédigé par les services de Federica Mogherini à la mi-novembre, est le fruit de la réflexion souhaitée par celle qui dirige la diplomatie de l’UE sur les moyens de réconcilier et reconstruire la Syrie.
En octobre Mme Mogherini a reçu un mandat des 28 pays de l’UE pour entamer un dialogue en ce sens avec les grandes puissances du Moyen-Orient (Iran, Arabie saoudite, Turquie) et l’opposition syrienne.
« Le défi en Syrie est de bâtir un système politique dans lequel les diverses communautés et régions du pays puissent vivre en paix ensemble, dans un cadre politique unique », peut-on lire dans ce document de travail.
« Cela s’annonce d’autant plus difficile après les fissures héritées d’une longue guerre civile », est-il ajouté, « sachant que le système politique en place a permis l’émergence de ce conflit et ne devrait pas engendrer de la stabilité sur le long terme ou la croissance économique nécessaire ».
Le document recense les objectifs à atteindre pour une Syrie pacifiée : « un gouvernement légitime, responsable », « un système politique pluraliste » ou encore « une armée nationale unique ».
Il rappelle que la Constitution datant de 1973 a concentré les pouvoirs entre les mains du président, alors que la plupart des opposants au régime Assad plaident pour un retour au texte de 1950 donnant plus d’importance au Parlement.
Parmi les pistes suggérées, figure une plus grande décentralisation, avec une possible redistribution des compétences de l’Etat (santé, éducation, transport, police, etc.) vers les gouvernorats -au nombre de 14 actuellement- ou les districts et sous-districts.
Une telle réforme, est-il souligné, « pourrait aider à garantir l’unité du pays, en maintenant l’offre actuelle de services publics tout en évitant le risque d’un éclatement de la Syrie ».
Reste à savoir quelles compétences décentraliser et « quel mécanisme de partage de l’impôt collecté assurerait les ressources adéquates pour ces collectivités locales », poursuit le document, qui pose autant de questions qu’il ne propose de solutions.
Source: AFP