Au moment où les pays du Golfe œuvrent pour se rapprocher du pouvoir syrien, après avoir échoué dans leurs tentatives de le renverser, l’Arabie saoudite semble vouloir paver le chemin de la normalisation avec la Syrie.
La démarche n’est pas très applaudie par Damas qui a plusieurs fois accusé Riyad d’être impliquée, au côté de Doha, dans le soutien aux groupes terroristes et donc dans la destruction de la Syrie. Ce que les responsables saoudiens ne cessent de démentir, sans pour autant persuader leurs homologues syriens.
L’ex-chef des renseignements saoudiens Bandar Ben Sultane a tenté récemment de mettre du sien pour blanchir son royaume de cette accusation.
Dans une interview avec la version arabophone du quotidien britannique Independant, il a affirmé que son pays ne pouvait faire une chose pareille, alors qu’il avait interféré en 1998 dans le différend qui avait éclaté entre le Syrie et la Turquie, en faveur de la première.
A cette époque, la Turquie avait envoyé ses forces armées à la frontière avec la Syrie, menaçant de les introduire en Syrie si elle n’interdit pas les activités du parti kurde PKK sur son sol.
Ben Sultane raconte qu’un appel au secours avait été envoyé par Damas à Riyad, auquel le roi Fahd a répondu en demandant au prince héritier qui était le prince Abdallah de faire de son mieux « pour protéger la Syrie et son armée arabe syrienne valeureuse qui a soutenu l’Arabie saoudite en envoyant 30.000 de ses soldats lors de la guerre de libération du Koweït ».
La solution qu’il avait alors préconisée était d’envoyer deux escadrilles d’avions F15 transportant des munitions vers Tabouk au nord de l’Arabie, dans ce qu’il a considéré être « un message fort » adressé à la Turquie.
« Il n’est pas possible de croire que le royaume va tenter de détruire n’importe quel Etat ou même d’y contribuer, mais de protéger son peuple et son armée. Raison pour laquelle il y a eu cette demande d’intervenir pour faire cesser cette mascarade turque à la frontière nord de la Syrie à ce moment-là », a dit Bandar ben Sultane pour l’Independant.
Selon Damas, le raison principale pour laquelle l’Arabie saoudite était en colère contre le pouvoir syrien est son appartenance à l’Axe de la résistance et sa relation stratégique avec l’Iran.
Dans un entretien avec la chaine de télévision iranienne arabophone al-Alam, en juin 2018, le président syrien Bachar al-Assad a révélé que Riyad lui a demandé plusieurs fois, avant et pendant la crise syrienne de rompre ses liens avec Téhéran.
M. Assad assure que pendant la crise, l’Arabie lui avait promis de ramener la situation à la normale si Damas coupait ses liens avec l’Iran.
En 2012, le journal libanais al-Akhbar avait révélé que le ministre des Affaires étrangères le prince Fayçal avait demandé la même chose au chef des renseignements syriens Ali Mamlouk. Avant que Riyad ne démente cette information.
La velléité de l’Arabie de cacher son rôle dans la guerre en Syrie a été dévoilée par l’ex ministre des AE qatari, Hamad ben Jassem qui l’a accusée en 2017 de faire croire qu’elle n’a pas interféré dans ce pays, et d’en imputer la totale responsabilité à Doha, alors que cette dernière avait consulté et obtenu le feu vert du royaume saoudien avant de s’y mettre.
Les faits qui incriminent Riyad ne peuvent être enrayés par cette vielle histoire d’avions saoudiens qui voulaient porter secours à la Syrie dans son contentieux avec la Turquie, d’autant que cette histoire remonte à plus de 20 années, au cours desquelles beaucoup de choses sont intervenus pour entacher les relations syro-saoudiennes.
Entre autre, comme le relate Ben Sultane lui-même durant son interview, lorsque le roi Abdallah avait taxé en 2009 le président syrien d’être un menteur pour avoir nié son implication dans l’assassinat de l’ex-Premier ministre saoudien Rafic Hariri. Sachant que Damas avait été innocenté de cet assassinat par la Tribunal international.
Dans l’interview avec Independant, force est de constater que Bandar s’attarde pour décrire l’embarras de M. Assad, toute en prétendant que le roi Abdallah l’avait quitté bouche-bée, sans rappeler toutefois que l’année suivante le monarque s’était rendu en personne à la capitale syrienne.
Un souvenir plutôt douloureux pour les Saoudiens, car quatre mois après la visite historique du président iranien Mahmoud Ahmadinejad avec le numéro un du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah.
Source: Divers