Des soldats britanniques ayant servi à Bassorah, au sud de l’Irak, en 2007 disent avoir été autorisés à tirer sur quiconque tenant un téléphone ou une pelle, ou agissant de manière jugée suspecte.
Une enquête de Middle East Eye a établi que l’armée britannique avait appliqué des règles d’engagement permettant parfois aux soldats de tirer sur des civils non armés suspectés de les surveiller en Irak et en Afghanistan.
Plusieurs anciens soldats interviewés par MEE ont indiqué que des enfants et des adolescents figuraient parmi les victimes.
Deux ex-fantassins affirment qu’eux-mêmes et leurs camarades servant dans le sud de l’Irak ont reçu l’autorisation de tirer sur quiconque tenant un téléphone portable, portant une pelle ou agissant de manière suspecte.
Des armes de l’époque soviétique auraient été retirées d’une réserve de la base britannique et placées à côté des corps pour donner la fausse impression que les adolescents étaient des combattants talibans armés
Par ailleurs, un ancien membre de la Royal Marine a rapporté qu’un de ses officiers avait avoué à ses hommes être responsable de la mort par balle d’un petit garçon afghan âgé de 8 ans environ, après que le père de l’enfant eut porté son corps sans vie à l’entrée de leur base d’opérations avancée et exigé des explications.
Un autre ancien soldat a déclaré à MEE qu’une opération de dissimulation avait été organisée après la mort par balles de deux adolescents non armés dont il aurait été témoin en Afghanistan.
Selon lui, des armes de l’époque soviétique auraient été retirées d’une réserve de la base britannique et placées à côté des corps pour donner la fausse impression que les adolescents étaient des combattants talibans armés.
Cet homme dit avoir vu des armes similaires stockées dans d’autres bases. « Je suis pratiquement sûr qu’elles étaient conservées à cette fin. Chaque jour, des soldats du quartier général nous rendaient visite et ces armes auraient facilement pu être cataloguées et renvoyées. »
L’assouplissement des règles d’engagement a entraîné « une tuerie »
Un ancien soldat affirme pour sa part avoir été témoin de la mort par balles d’un nombre important de civils à Bassorah, et ne pense pas que toutes les victimes surveillaient les troupes britanniques. Il estime que l’assouplissement des règles d’engagement a entraîné « une tuerie ».
Il dit en outre que lui et ses camarades ont reçu la promesse qu’ils seraient protégés en cas d’enquête de la police militaire. « Nos commandants nous disaient : “Nous vous protégerons en cas d’enquête. Dites simplement que vous pensiez réellement que votre vie était en danger – ces propos vous protégeront.” »
MEE n’a pas pu vérifier de manière indépendante l’ensemble des récits des personnes interrogées. Cependant, plusieurs ex-soldats ont formulé des allégations très similaires après avoir servi dans des unités différentes, à des moments différents et sur deux théâtres de guerre différents.
Le ministère britannique de la Défense s’est refusé à tout commentaire.
Avec Middle East Eye