L’Italie a bloqué lundi l’adoption d’une position commune de l’UE reconnaissant au président de l’Assemblée nationale du Venezuela Juan Guaido la légitimité pour organiser une nouvelle présidentielle après le refus du président Nicolas Maduro de convoquer un nouveau scrutin.
« Il n’y aura sûrement pas de déclaration commune de l’UE car certains Etats membres s’y opposent », a averti le chef de la diplomatie espagnole Josep Borell lors d’un point de presse à Bruxelles, où il participe à une réunion ministérielle entre l’UE et la Ligue arabe pour préparer le sommet de Charm-el-Cheik.
Quatre sources diplomatiques ont confirmé à l’AFP l’impossibilité de faire adopter cette déclaration commune. L’Italie a refusé d’entériner le texte du projet, ont précisé ces sources. La Grèce a également émis des réserves, a-t-on indiqué.
« L’Union européenne a adopté une position commune il y a dix jours », a rappelé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini. « Il n’y avait aucune nécessité d’en avoir une nouvelle », a confié à l’AFP une source diplomatique européenne.
Mais les Etats membres qui avaient donné huit jours, jusqu’à dimanche, au président Maduro pour accepter l’organisation de nouvelles élections, voulaient voir si après son refus, il y avait la possibilité pour les 28 d’aller plus loin dans la reconnaissance du rôle de Juan Guaido, a expliqué un diplomate.
Ils ont donc cherché à renforcer la déclaration commune adoptée il y a dix jours et à faire valider les décisions individuelles des Etats membres de reconnaître au président de l’Assemblée nationale du Venezuela la légitimité pour organiser de nouvelles élections, a-t-il précisé.
Mais l’Italie a refusé d’entériner le texte proposé, le considérant comme « une ingérence » de la part de l’UE dans les affaires intérieures du Venezuela, a-t-il souligné.
Au moins quatorze Etats membres de l’UE –Espagne, France, Royaume-Uni, Danemark, Pays-Bas, Lituanie, Lettonie, Estonie, Portugal, Autriche, République tchèque, Suède, Finlande et Luxembourg– ont reconnu individuellement Juan Guaido comme président en charge pour organiser une nouvelle élection.
La Belgique a pour sa part annoncé par la voix de son ministre des Affaires étrangères Didier Reynders son « soutien à Juan Guaido dans sa mission d’organiser de nouvelles élections libres et transparentes ».
Le blocage du projet de déclaration commune de l’UE et l’absence de prise de position de nombreux Etats membres confirment les divisions constatées lors de la discussion sur le Venezuela pendant la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE jeudi à Bucarest.
Trois groupes s’étaient opposés: les pays partisans de la reconnaissance de Juan Guaido, la Grèce et l’Italie soutiens de Nicolas Maduro, et les légalistes comme l’Autriche et le Luxembourg, soucieux de trouver une position commune, ont raconté à l’AFP plusieurs participants.
« Nous n’avons plus de politique étrangère commune », avait confié à l’AFP un ministre sous couvert de l’anonymat.
Source: AFP