Le tribunal de grande instance de Nanterre a relaxé, le jeudi 17 janvier, la société immobilière 25 Avenue Bugeaud, détenue par une princesse saoudienne. La SCI était accusée de n’avoir jamais réglé la facture de 90 000 euros réclamée par l’entreprise de service de conciergerie française Atyla.
Adultère, pornographie, royauté et impayés. Le scénario est digne d’une série télévisée. C’est pourtant bien le dossier qu’a étudié la 7e chambre civile du tribunal de grande instance de Nanterre au cours des deux dernières années. Au centre de cette affaire, une dette de 90 000 euros que le prince et ancien ministre des Affaires étrangères saoudien Saoud Al-Fayçal aurait laissée avant de quitter ce monde… Et que ses héritières refusent de se résoudre à payer.
En cause, les embarrassantes prestations que recouvre ladite facture. À savoir le tournage de vidéos pornographiques commandées par le défunt prince à la société Atyla par l’intermédiaire de la SCI 25 avenue Bugeaud, un hôtel particulier du très chic XVIe arrondissement où réside la famille royale lors de ses voyages à Paris. Le dû fait blêmir ses filles, les princesses aujourd’hui à la tête de cette société immobilière. Elles plaident le mensonge et refusent de payer la note de leur père, décédé d’une crise cardiaque à Los Angeles en juillet 2015, malgré la procédure engagée devant le tribunal.
Pour la famille royale -Saoud Al-Fayçal était le cousin de Mohammed Ben Salmane, l’homme le plus puissant de la pétromonarchie – l’acquittement est une question d’honneur. Il en va de la réputation du prince et des siens.
Parmi les preuves que possède le requérant, « des échanges d’e-mails entre celui qui se présente comme le majordome du prince [un certain Antolin Dugenia, selon le dossier] et mon client », explique Me Ivan Izkovitch. Mais malgré les nombreux échanges, la défense récuse le lien entre M. Dugenia et le prince saoudien.
« Une maîtresse marocaine de Saoud Al-Fayçal »
L’identité de l’actrice de ces trois films pornographiques semble, elle, moins obscure, selon Me Izkovitch. L’avocat cite une supposée maîtresse marocaine de Saoud Al-Fayçal. La liaison de Madame N. avec le prince serait un secret de polichinelle, bien que niée dans le clan saoudien. Néanmoins, deux jours après la mort du dignitaire, l’une de ses propriétés des beaux quartiers parisiens a été cédée à la ressortissante marocaine, qui a également raflé la direction d’une agence immobilière de luxe détenue par sa majesté. Pour Me Izkovitch, la proximité entre Madame N. et le prince est évidente : « Quand on n’a rien à voir avec une personne, on ne la fait pas légataire d’un logement coûtant plusieurs dizaines de millions ».
Parmi les autres pièces fournies au tribunal, une copie du passeport de Mme N., ainsi qu’une photo de tournage de film.
Avec l’express