«Quand ça va s’arrêter?», s’interroge Laetitia Monsacré qui co-dirige Jim le Pariser et critique durement les journalistes de chaînes de télévision telles que LCI, BFM TV et CNews. Selon elle, ces grands médias «n’informent plus», mais orchestrent une «grande manipulation».
Après avoir été correspondante de guerre, Laetitia Monsacré couvre maintenant les mobilisations des Gilets jaunes, étonnée de devoir y porter un casque et des lunettes de protection. Interrogée sur les manifestations qui ne semblent pas perdre de l’ampleur, l’ex-présentatrice de France 5 qui co-dirige actuellement avec Ulysse Gosset la version française du New Yorker, Jim le Pariser, a fait part de sa conception du travail des journalistes dans ce contexte. Ce sans mâcher ses mots concernant les couvertures d’autres médias.
Laetitia Monsacré descend dans les rues trois samedi de suite. Alors que les autorités évoquent «une grande démocratie» et la défense des institutions, la journaliste souligne la nécessité de commencer par les respecter.
«Quand on parle au nom de la France, on a des devoirs», fustige-t-elle. En guise d’exemple, elle prend le sujet des bavures policières — nombreuses, mais sans «aucune réponse du ministère de la Police», en quoi, selon elle, s’est récemment transformé le ministère de l’Intérieur.
«Il n’y a eu aucun retour du ministère de l’Intérieur sur toutes les bavures qui ont été commises. Alors il y avait deux boxeurs ce week-end: il y en avait, un est en garde à vue et il risque sept ans en prison, et il y a un autre et il a eu la Légion d’honneur et pour l’instant un signalement administratif auprès des GPM, même pas pénal», poursuit Mme Monsacré.
«Alors on se demande jusqu’à quand il va falloir des vidéos et jusqu’à quand LCI, BF Merde TV — parce tous nos confrères on l’appelle comme ça, CNews que j’ai vu samedi en train de filmer une petite poubelle pour essayer de montrer que la rive gauche était en train de brûler, TF1 — ça c’est même pas la peine, de toute façon on sait qu’ils sont pourris depuis longtemps et même le service public, France Inter», énumère la journaliste, se rappelant notamment d’une chronique «écœurante» de Sophie Aram le 24 décembre, Gilets jaunes magiques, «où elle était en train de dire que vous étiez homophobes, racistes, antisémites et qu’avec un gilet jaune on pouvait tout se permettre…»
«Quand ça va s’arrêter?», lance-t-elle. «J’ai honte de mes confrères, j’ai honte de ce que j’appelle la grande manipulation. (…) Parce qu’aujourd’hui on n’informe plus, (…) on fait de la fabrique d’opinion.»
Sur les réseaux sociaux, sa position catégorique concernant le gouvernement et les médias n’a pas échappé aux utilisateurs qui attirent d’ailleurs l’attention sur l’article de Jim le Pariser qui aborde en profondeur la notion de la «grande manipulation».
Finalement, le témoignage enflammé de Mme Monsacré a poussé à remettre en cause le traitement médiatique et le rôle des journalistes dans la formation de l’opinion publique, surtout dans le contexte des récents événements, dont les affrontements survenus lors de l’acte 8 des Gilets jaunes.
Le huitième acte des manifestations des Gilets jaunes s’est déroulé ce samedi à Paris, ainsi que dans d’autres villes françaises. Dans la capitale, la mobilisation a été émaillée de heurts entre manifestants et forces de l’ordre. D’après le ministre français de l’Intérieur, la mobilisation a rassemblé environ 50.000 personnes à travers la France, contre 32.000 la semaine précédente.
Source: Sputnik