Le Conseiller à la sécurité nationale irakienne et chef des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) a multiplié récemment ses visites à Damas, à Ankara et à Erbil (chef-lieu de la région autonome du Kurdistan irakien). Ce qui témoigne, selon des observateurs, de l’intention de Bagdad de prendre part aux efforts collectifs des acteurs régionaux après le retrait des forces américaines de Syrie.
Le quotidien libanais Al-Akhbar a rappelé que les visites de Faleh al-Fayadh, le favori du Premier ministre Adel Abdel-Mahdi pour le poste de ministre de l’Intérieur, révèlent l’élaboration d’une stratégie irakienne en ce qui concerne la sécurité de la frontière commune avec la Syrie, après la défaite définitive de Daech et le retrait de forces américaines de Syrie.
Ces deux dernières semaines, M. Fayadh a rencontré le président syrien Bachar al-Assad à Damas, puis le ministre turc de la Défense Hulusi Akar et le chef de l’Organisation nationale du renseignement turc (MIT) Hakan Fidan à Ankara, et enfin le président du Parti démocratique du Kurdistan irakien Massoud Barzani à Erbil.
Le chef des Hachd al-Chaabi était récemment en Syrie pour des coordinations bilatérales dans la lutte contre Daech. Le feu vert donné par le président Assad à l’aviation irakienne pour bombarder les positions de Daech en Syrie s’avère un choix stratégique.
Le journal libanais a souligné que ces rencontres avaient eu lieu après une visite peu médiatisée de Fayadh à Téhéran pour des coordinations préliminaires avec la partie iranienne.
L’analyste d’al-Akhbar estime que cette stratégie irakienne serait fondée sur deux aspects importants :
1- Une coopération militaire et sécuritaire commune avec la Syrie, la Turquie et le Kurdistan irakien et le renforcement des coordinations de part et d’autres pour être en mesure de mener des opérations conjointes de grande envergure ;
2- Une action sociale et politique à l’ouest de l’Euphrate, à l’intérieur du territoire syrien, pour mettre sur pied une structure tribale comparable aux Unités de mobilisation tribale (Hachd al-Achayer).
Selon des sources bien informées, l’objectif des consultations irako-syriennes est de prendre des mesures nécessaires pour combler le vide sécuritaire qui pourrait se créer après un retrait américain de la Syrie :
1- Primo, le maintien du contrôle des territoires libérés le long des frontières irako-syriennes en renforçant la présence militaire sur les régions frontalières ;
2- Secundo, le nettoyage total des zones sensibles des deux côtés de la frontière : surtout à Akashat en Irak et à Jabal al-Ghurab et ses alentours en Syrie ;
3- Tertio, une opération conjointe irako-syrienne d’envergure, soutenue par leurs alliés, contre les terroristes de Daech dans le triangle frontalier entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie (entre Qaem en Irak et AlbouKamal en Syrie). Dans le cadre de cette opération, sera envisagée une progression de plusieurs kilomètres des forces militaires irakiennes à l’intérieur du territoire syrien (avec l’autorisation de Damas) pour empêcher l’infiltration de Daech dans le territoire irakien ou l’attaque des daechistes contre les régions frontalières.
Selon des estimations de Damas et de Bagdad, trois mille hommes armés de Daech seraient présents du côté irakien de la frontière et quinze mille du côté syrien. Ces terroristes profitent du soutien logistique de certains acteurs régionaux et internationaux, ce qui nécessiterait une action conjointe irako-syrienne tout à fait coordonnée contre les terroristes.
Sources: Al-Akhbar; Traduction: Press TV