Qu’ils en soient conscients ou pas, ils changent du fait de ce qu’ils ont infligé à la Syrie.
L’Amérique a pesé de tout son poids diplomatique, politique, médiatique, financier et militaire pour transformer la Syrie, et lorsqu’elle se retire sans atteindre aucun de ses objectifs et voit revenir la Syrie comme elle était, plus forte encore et immunisée, elle admet, sans le savoir, qu’elle a changé et qu’elle n’est plus cette puissance omnipotente qui dicte sa loi et se fait obéir au doigt et à l’œil.
Il suffit aux superpuissances d’être défaites, une seule fois, pour que le processus de leur régression commence et qu’elles soient devancées par des adversaires prêts à les rivaliser politiquement, militairement et économiquement.
Ni l’arrogance ni la nostalgie d’un passé glorieux ne peuvent alors arrêter le cours du changement.
Les Arabes, qui ont investi leur argent et leurs relations avec les Etats-Unis, Israël, Al-Qaïda et les Frères musulmans, et pensaient gagner en Syrie après avoir réussi à renverser les présidents tunisien et égyptien, reviennent aujourd’hui en Syrie. Conscients ou non, ils admettent être faibles et incapables. Ce pourquoi ils ont alloué toutes leurs ressources et ils sont obligés d’avouer cet échec.
Israël aussi est en train d’être transformé par la Syrie. Israël, qui pensait avoir amené les Américains, utilisé les Arabes, affiché au grand jour son alliance avec Al-Qaïda, dans le seul but de changer la Syrie, et qui s’adapte aux nouvelles réalités internationales et arabes dues au retrait américain, au revirement arabe et au départ des résidus vaincus d’Al-Qaïda, reconnaît l’échec. Et lorsqu’Israël se tient aux frontières de l’espace aérien syrien protégé par des missiles de défense aérienne, il confesse non seulement la puissance de la Syrie mais également sa propre faiblesse.
C’est la Syrie qui a changé le monde et la région.
Certains journalistes et hommes politiques arabes parlent des visites présidentielles arabes en Syrie et de la reprise des relations diplomatiques et des vols à destination et en provenance de la Syrie comme un soutien et des positions favorables à la Syrie qui doivent être inscrits à leur actif.
Il est important de préciser que ceci a été diligenté par ceux qui l’ont vraiment fait, lorsque la Syrie était menacée d’effondrement et les hordes de terroristes y affluaient de toutes parts. En ces temps-là, la plupart des Arabes finançait, soutenait et fournissait une couverture à cet afflux.
Aujourd’hui, toute ouverture à la Syrie est une souscription et une anticipation à la proclamation de sa victoire et la mise en œuvre de grands accords internationaux qui les y obligent, parce que, au lieu de la guerre ratée, la nouvelle stratégie adoptée est de se rapprocher de la Syrie, d’essayer d’influencer sa décision et de tenter de s’engager dans une politique de règlement afin de s’assurer d’une capacité de mobilité ultérieure dans le cadre de ce que produira ce règlement.
La Syrie bénéficie de cette ouverture pour légitimer sa victoire, alléger le fardeau de ses citoyens, réaliser des progrès économiques et ouvrir la porte à la reconstruction et au retour des personnes déplacées avec une couverture légale internationale et notamment occidentale. La Syrie a besoin de ce rôle arabe comme d’une caution pour se désengager des politiques de rupture et de sanctions que les Arabes étaient les premiers à appliquer.
Aujourd’hui, la Syrie est la plus forte des Arabes. Si seulement ils pouvaient tirer leur force de la Syrie au lieu de simplement obéir aux ordres ! Seule la Syrie peut instaurer une relation arabo-iranienne rassurante, peut accorder aux Arabes des opportunités de relations équilibrées avec la Russie, et est la soupape de sécurité pour la Palestine. Qu’ils la chargent de cette responsabilité au lieu de s’impliquer dans le pire.
Par Nasser Kandil
Source :al-binaa ; Traduit par Rania Tahar