Le retrait d’une partie des forces US de Syrie met les forces kurdes réclamant la création d’une entité semi-étatique en position de faiblesse par rapport aux forces locales pro-turques.
Ces dernières ne cessent de renforcer leur position et de monter en puissance sous l’ombre protectrice d’Ankara, qui ne cache nullement ses ambitions géostratégiques dans ce que les Turcs considèrent comme leur arrière basse-cour.
Cette situation pousse les Kurdes à adopter deux attitudes contradictoires: négocier avec Damas ou se mettre sous la tutelle d’une autre puissance impliquée dans le conflit syrien.
L’appel par des activistes kurdes lancé à la France pour établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’extrême Nord de la Syrie révèle non seulement le désespoir de certains meneurs politiques kurdes mais leur méconnaissance totale de la situation régionale et internationale.
Ni la France ni le Royaume-Uni n’ont ni le pouvoir ou la volonté de mettre sur place une zone d’exclusion aérienne.
Les chefs kurdes qui ont réclamé cela ont été induits en erreur par l’enthousiasme et le bla-bla mensonger de Bernard Kouchner et d’autres émules du très fameux « Droit humanitaire d’ingérence » cher à cet ancien ministre du gouvernement français et dont les liens réels avec la France sont aussi minces que celle d’un fil dentaire.
Les mensonges et les bobards n’engageant que leurs auteurs, les Kurdes se sont fait avoir par naïveté politique.
Kouchner serait entré dans une zone kurde de Syrie le 01 décembre 2018 et les autorités de Damas ont indiqué qu’elles ne seraient en rien responsables de la sécurité de « responsables ou d’anciens responsables étrangers » rentrant de façon illégale en Syrie et que certains d’entre eux, particulièrement Bernard Henry Lévy et Bernard Kouchner, lesquels font l’objet d’un mandat d’arrêt dont l’exécution est confiée aux unités de la police militaire et les services de renseignement de l’Armée de l’air syriennes.
D’autres chefs de factions kurdes, plus réalistes, estiment qu’il faudrait négocier avec le pouvoir à Damas, dont la politique rigide en ce qui concerne la conception étatique n’a pas changé d’un iota malgré presque huit années de guerre: La Syrie n’admettra au mieux qu’une forme d’autonomie régionale qui ne saurait se concevoir en dehors du cadre national syrien.
Reste la majeure partie des combattants kurdes et non kurdes ayant été soutenus par Washington et l’OTAN. Ces derniers ne se font aucune illusion et réclament cyniquement des indemnités pécuniaires pour «services rendus » si ce n’est des visas et des « Green Cards » pour leurs familles, en évoquant des programmes similaires ayant eu lieu au Soudan du Sud ou au Kosovo.
Ce sont en fait de simples mercenaires se battant plus pour leurs propres intérêts personnels que pour une cause à laquelle adhère une partie non négligeable du monde kurde. Une cause qui n’a jamais intéressé les populations arabes, syriaques ou turkmènes.
Les Kurdes ont joué encore une fois au poker et perdu. Ils se retrouvent face au géant turc qui ne cache pas sa jubilation à les écraser à la moindre opportunité offerte.
Ce qui poussera tôt ou tard les Kurdes à composer avec Damas. Cela explique la virulente campagne médiatique syrienne contre la Turquie.
A trop vouloir jouer sur différents tableaux, les partisans de la cause kurde ont perdu sur tous les fronts. Historiquement, ils ont toujours été utilisés comme de simples outils ou auxiliaires utiles de circonstance avant d’être jetés aux oubliettes.
C’est toujours le cas aujourd’hui. Le Grand jeu continue.