Un haut responsable kurde en Syrie, Aldar Khalil, a exhorté samedi Washington à prévenir toute offensive turque contre les zones kurdes du nord, après l’annonce d’un retrait militaire par le président Donald Trump.
Cette déclaration à l’AFP intervient en effet après l’annonce surprise mercredi par M. Trump du retrait de ses troupes stationnées dans le nord-est de la Syrie aux côtés des combattants kurdes, cibles de longue date d’Ankara.
Soutenues par la coalition internationale anti jihadistes emmenée par les Etats-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants à majorité kurde, sont depuis plusieurs années le fer de lance de la lutte contre le groupe wahhabite terroriste Daech (Etat islamique-EI) en Syrie.
Mais ils sont soupçonnés de miser sur les Américains aussi pour avoir leur propre canton en Syrie, à l’instar des kurdes irakiens.
« Tant que les Etats-Unis et d’autres pays (de la coalition) sont ici, ils se doivent de respecter leurs engagements. Et, même s’ils s’en vont, ils peuvent au moins œuvrer à une résolution internationale », a expliqué M. Khalil, l’un des responsables de l’administration semi-autonome kurde mise en place en 2013.
« Il est de leur devoir d’empêcher toute attaque et de mettre fin aux menaces turques », a-t-il ajouté, toujours d’après l’AFP.
Dans le cas contraire, le retrait des quelque 2.000 soldats américains présents sur le sol syrien donne, selon lui, un blanc-seing à Ankara pour lancer une nouvelle offensive.
M. Khalil a également appelé la France à « jouer un rôle positif au sein des Nations unies et du Conseil de sécurité en vue d’une résolution empêchant une offensive turque ». Lors de l’annonce par Washington sa décision de retirer ses forces, Paris a assuré vouloir y rester.
Vendredi, deux hauts responsables kurdes ont été reçus par des conseillers du président français Emmanuel Macron.
La Turquie a déjà lancé deux offensives depuis 2016 dans le nord syrien.
La dernière lui a permis en début d’année de prendre le contrôle de la région d’Afrine, au prix d’une opération qui a fait plus de 1.500 morts parmi les miliciens kurdes et 400 parmi les groupes syriens pro-Ankara, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Quarante-cinq soldats turcs ont été tués, d’après Ankara.
Près de 300 civils ont aussi péri, selon l’OSDH, tandis que des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées.
Ankara qualifie de « terroriste » la milice des Unités de protection du peuple (YPG), épine dorsale des FDS.
Jeudi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau promis d’éliminer les jihadistes et les milices kurdes du nord de la Syrie après le retrait des troupes américaines, avant de tempérer ses propos vendredi en affirmant qu’il ne lancerait pas immédiatement d’offensive.
Longtemps marginalisés, les Kurdes de Syrie, qui représentent 15% de la population, ont établi « une région fédérale » en 2016, à la faveur du conflit syrien. Avec l’aide de la Coalition internationale, ils se sont emparés de zones syriennes arabes et non kurdes