Le président des Etats-Unis Donald Trump, qui estime avoir atteint son objectif de vaincre la milice wahhabite Daech (Etat islamique-EI) en Syrie, envisage désormais un retrait complet des troupes américaines stationnées dans ce pays, a rapporté l’agence AFP.
« C’est un retrait total » qui interviendra « aussi rapidement que possible », a indiqué mercredi à l’AFP un responsable américain sous couvert d’anonymat. « La décision a été prise hier », a-t-il précisé.
« Nous avons vaincu ISIS en Syrie, la seule raison pour moi pour laquelle nous étions présents pendant la présidence Trump », a de son côté tweeté le président américain.
Quelque 2.000 soldats américains sont actuellement déployés dans le nord de la Syrie.
En outre, une source a confié à Reuters que toutes les forces armées des États-Unis se retireront aussi de Syrie après que les dernières étapes de l’opération contre Daech prendront fin, c’est-à-dire en l’espace de 60 à 100 jours.
Toujours selon cette source, l’évacuation de tous les fonctionnaires du département d’État américain du sol syrien se déroulera dans les 24 heures.
Plus tôt, la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, a annoncé que, conformément à la décision de Donald Trump, les États-Unis avaient entamé le retrait de leurs troupes du territoire de la République arabe syrienne.
La porte-parole a pourtant précisé que les États-Unis et leurs alliés seront toujours prêts à revenir en Syrie pour protéger les intérêts américains.
Tentatives pour entraver le retrait des forces US
Selon le New York Times, des responsables au sein du Pentagone tentent toutefois de changer la décision de retirer les troupes américaines de Syrie.
« Trump s’emploie pour tenir ses promesses électorales de retirer les forces américaines de Syrie et avait accepté avec hésitation le mois d’avril dernier la proposition du Pentagone de lui accorder davantage de temps pour mener à terme sa mission », ajoute le journal américain. Et d’ajouter : « Trump a mis en garde les dirigeants militaires de l’invasion turque du nord syrien en raison des dangers sur les forces américaines ».
Si Donald Trump a, à plusieurs reprises, exprimé sa volonté de retirer les soldats américains de ce pays en guerre, plusieurs membres de son administration ont exprimé leurs différences sur ce dossier sensible.
Au printemps, lorsque le sujet avait été remis sur la table, un compromis pour confirmer le statu quo sans heurter la susceptibilité du magnat de l’immobilier avait été trouvé: l’administration avait affirmé que le retrait restait « l’objectif », mais aucun calendrier n’avait été fixé.
La semaine dernière encore, l’émissaire des Etats-Unis pour la coalition internationale antijihadistes, Brett McGurk, assurait que les Américains avaient vocation à rester encore pendant un bon moment en Syrie.
« Même si la fin du califat en tant que territoire est maintenant clairement à portée de main, la fin de l’EI prendra beaucoup plus longtemps », avait-il dit devant la presse à Washington, car « il y a des cellules clandestines » et « personne n’est naïf au point de dire qu’elles vont disparaître » du jour au lendemain.
« Personne ne déclare mission accomplie », avait-il insisté. « Nous avons bien entendu appris beaucoup de leçons dans le passé, donc nous savons qu’une fois que les territoires sont libérés, on ne peut pas simplement plier bagage et partir ».
A plusieurs reprises, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a lui aussi mis en garde contre un départ précipité de la Syrie. « Nous devons éviter de laisser en Syrie un vide qui puisse être exploité par le régime d’Assad ou ses soutiens », avait-il ainsi expliqué en juin.
Réaction des FDS et de GB
Les Forces démocratiques syriennes, milice à majorité kurde alliée des Etats-Unis en Syrie, ont été les premiers à commenter la décision du président américain de retirer ses forces et ses fonctionnaires de Syrie.
« Ce retrait inopiné est un poignard dans le dos », ont déploré les FDS, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme, instance médiatique de l’opposition syrienne siégeant à Londres.
En Grande bretagne, le ministre de la Défense a commenté cette décision aussi: « je suis profondément en désaccord avec Trump sur la victoire contre Daech en Syrie », a-t-il dit, selon la télévision libanaise satellitaire al-Mayadeen Tv.
L’espoir d’un règlement
En revanche pour la Russie, cette décision pourrait donner l’espoir d’un règlement politique du conflit dans le pays.
«De cette décision peut faire naître une histoire très importante, c’est une véritable et réelle perspective pour le règlement politique», a fait remarquer la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
«Cela donne l’espoir que la situation dans ce point sur la carte de Syrie se développe selon le même scénario qu’Alep et plusieurs autres villes et localités syriennes, qui reprennent une vie pacifique», a expliqué Maria Zakharova.
Et de conclure:
«Alors que les Américains s’y trouvaient, il n’y avait pas un tel espoir».
Sources: AFP, Sputnik, Reuters, al-Mayadeen TV
Source: AFP