Beaucoup de choses se sont passées ces derniers mois montent que les relations se sont dégradées entre le Hamas et la Turquie.
Selon le journal libanais al-Akhbar, la direction turque refuse depuis plusieurs mois de rencontrer les dirigeants du Hamas. En même temps, elle affiche une certaine réticence à renouveler le séjour des palestiniens qui lui sont proches. Plus est-il elle transmet désormais l’aide qu’elle envoie vers la bande de Gaza à travers Ramallah, c’est-à-dire en passant par l’Autorité palestinienne.
Or il s’avère que cette dernière semble être pour quelque chose dans le froid qui traverse les liens entre Ankara et le Hamas.
Ainsi, le mois de novembre dernier, le ministre turc des Affaires étrangères a refusé de voir le membre du Bureau politique du Hamas Moussa Abou Marzouk, arguant avoir l’agenda surchargé, en raison de l’affaire du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
A la même époque, les autorités turques ont refusé de renouveler le séjour des palestiniens vivant en Turquie et dont les noms avaient été présentés dans deux listes mises au point par le Hamas. Ankara a aussi retardé le renouvellement des visas des membres de deux autres listes.
En outre, l’aide que la Turquie accordait directement à la bande de Gaza a chuté considérablement. Elle est désormais acheminée par Ramallah, et donc par l’Autorité palestinienne.
Le Hamas constate en même temps un changement dans le comportement des Turcs à l’encontre des Palestiniens blessés dans les manifestations de Grand retour et qui se rendent à Istanbul pour se faire soigner.
De nombreux d’entre eux ayant passé l’expérience se sont plaints du mauvais traitement des Turcs et de la négligence dont ils étaient victimes.
Dès lors la direction du Hamas a décidé de s’enquérir sur les raisons de ce raidissement et d’y remédier en organisant des rencontres entre ses hauts-dirigeants et leurs homologues turcs, ainsi qu’avec le chef du parlement turc Ben Ali Yelderim.
Arrivée à Ankara, la délégation parlementaire présidée par D. Mahmoud Zahhar s’est vu afficher une fin de non-recevoir à ces demandes et sa visite s’est bornée à des rencontres avec des membres de son mouvement et la visite des Palestiniens blessés.
Se rendant de nouveau en Turquie en l’espace d’une quinzaine de jours, cette délégation attend toujours une réponse de M. Yelderim. Elle a tout de même participé à la conférence « parlementaires pour al-Quds », organisée les vendredi et samedi, avec le parrainage du Parlement turc et la présence du président turc Recep Tayyip Erdogan.
A l’origine, le problème est né lorsque l’Autorité palestinienne (AP) a demandé au président turc sa médiation pour mener à bien la réconciliation avec le Hamas, après avoir été abandonnée par l’Egypte.
Mais des sources du Hamas accusent Mahmoud Abbas de vouloir intentionnellement brouiller les liens entre elles et les Turcs depuis qu’il a soulevé auprès d’eux la question du rétablissement de ses relations avec Mohammad Dahlane.
Celui-ci est très mal vu aussi bien de la part de l’AP que d’Ankara.
Pour la première, il est accusé d’avoir planifié la destitution d’Abbas. Pour la seconde, il est perçu comme étant associé au coup d’état avorté contre Erdogan, en tant que le bras sécuritaire des Emirats arabes unis.
Abbas aurait même montré aux Turcs des déclarations exprimées par des dirigeants symboliques du Hamas, dans lesquelles ils fustigent le fondateur de la république turc Kamal Atatürk, le qualifiant de « traitre du califat ottoman, qui l’a entrainée vers la laïcité après avoir éliminé l’Etat islamique ».
Ramallah serait aussi allé plus loin pour ternir l’image du Hamas devant les dirigeants turcs en leur faisait part que l’aide qu’il lui fournissait pourrait être distribuée dans la bande de Gaza de manière à embarrasser la Turquie sur le plan international et devant Israël.
Le fait qu’une partie de l’aide octroyée par la Turquie via la fondation de bénévolat turque Teka, soit transférée au Hamas, selon les aveux du représentant de cette dernière dans la bande de Gaza, arrêté par Israël, a aussi persuadé les responsables turcs d’adopter des mesures plus strictes et de coordonner leur action avec Ramallah, plutôt qu’avec la bande de Gaza. Un accord a été conclu ultérieurement pour que le soutien turc officiel ne passe que les institutions officielles palestiniennes, en l’occurrence celles de Ramallah.
Depuis, d’innombrables demandes d’aide de la part d’institutions palestiniennes dans la bande de Gaza ont été rejetées catégoriquement par les Turcs, au motif qu’ils ne veulent surtout pas répéter l’expérience passée.
Traduit par notre rédaction depuis le site en ligne du journal libanais al-Akhbar