Les projets pétroliers iraniens attirent toujours les compagnies pétrolières européennes et américaines qui ont pour autant été exclues du juteux marché pétrolier et gazier iranien pour cause de nouvelles sanctions américaines. Mais la situation profite au final aux Chinois qui considèrent ce retrait des Européens du marché iranien comme un don du ciel.
La revue Newsweek fait allusion dans un rapport à la formation d’un triangle composé de l’Iran, de la Chine et de la Russie face aux États-Unis et souligne que contrairement aux Américains, la Chine et la Russie continuent à investir en Iran.
D’après Newsweek, le gisement de gaz de South Pars (Pars Sud) dans le golfe Persique, était une découverte offshore faisant rêver les compagnies pétrolières. Le plus grand gisement de gaz naturel au monde s’étend sur la frontière maritime entre l’Iran et le Qatar et il a été hors de portée des entreprises énergétiques occidentales durant quelques années et ce à cause des sanctions de l’Amérique.
« Les sanctions économiques américaines l’avaient interdit aux entreprises énergétiques occidentales pendant des années. Lorsque les États-Unis et d’autres puissances mondiales ont négocié l’accord sur le nucléaire en 2015, cela a permis de dégager la situation. Le géant pétrolier français, Total, a alors rapidement signé un accord pour développer une partie essentielle du champ de South Pars et il a commencé ses travaux l’année passée », ajoute la revue.
Ensuite, Donald Trump a été élu; son administration s’est retirée de l’accord et il a imposé, à la fin du mois de novembre, de sévères pénalités économiques à toute entreprise étrangère faisant des affaires en Iran. Total s’est retiré de South Pars, décidant, comme le font de nombreuses entreprises européennes, que l’accès au marché américain reste plus important que les transactions en Iran.
Cependant, dans le sillage de Total, la China National Petroleum Corp., un géant appartenant à l’État chinois et basé à Pékin a remplacé Total. « C’est un cadeau pour la Chine », déclare un conseiller de longue date de Total non autorisé à parler en public, « et une blessure auto-infligée à l’Occident ». En effet, la politique de Washington envers Téhéran est claire : augmenter la pression économique sur le gouvernement iranien jusqu’à ce qu’il revienne à la table pour renégocier un « meilleur accord ».
La guerre froide des USA avec le triangle Iran/Russie/Chine
Alors que les relations des États-Unis avec Téhéran, Pékin et Moscou continuent de se détériorer, ces trois gouvernements se sont regroupés pour tenter de contourner les sanctions américaines.
L’amélioration des relations économiques entre l’Iran, la Chine et la Russie est le dernier et le plus évident des signaux de la guerre froide existant désormais et de facto entre les États-Unis, la Russie et la Chine.
Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a déclaré dans un discours prononcé à Bruxelles ce mois-ci que l’objectif de l’administration Trump en matière de politique étrangère était de construire un « nouvel ordre libéral » qui comprendrait «la renonciation ou la renégociation légale des traités, des accords commerciaux et des autres accords internationaux qui ne servent ni nos intérêts souverains ni ceux de nos alliés ».
« L’accord avec l’Iran sera le premier du lot pour la mise en oeuvre de cette politique », affirment les conseillers de Donald Trump.
Les causes de la diminution des effets des sanctions américaines sur l’Iran
Aujourd’hui, des produits fabriqués par des dizaines d’exportateurs chinois de taille moyenne se retrouvent partout en Iran. Les sanctions américaines ne signifient rien pour ces entreprises ; elles ne font pas affaire avec les États-Unis. La Russie est également en train d’augmenter ses investissements directs en Iran de 50 milliards de dollars rien que dans le secteur du pétrole et du gaz, avec des fonds supplémentaires pour aider Téhéran à moderniser son réseau électrique et ses infrastructures.
Les entreprises russes « n’ont également rien à perdre », explique Igor Delanoë, analyste du groupe d’observatoires franco-russe, un groupe de réflexion basé à Moscou.
L’Iran qui a passé de nombreuses années sous les sanctions économiques occidentales, a également acquis de l’expérience en matière de leur contournement. En novembre, moins de deux semaines après l’entrée en vigueur des nouvelles sanctions de l’administration Trump, l’Iran Energy Exchange a signé deux contrats pétroliers à grande échelle portant chacun sur plus de 700 000 barils de brut. La bourse a mis en place un système qui permet aux clients de rester anonymes lorsqu’ils achètent du pétrole à l’Iran. Selon les analystes, les ventes de pétrole à la bourse ont été une victoire pour l’Iran car elles ont montré au monde entier comment Téhéran peut désormais contourner les restrictions américaines.
D’après la revue américaine, l’administration Trump est elle-même à l’origine de l’inefficacité de ses sanctions. En effet, après un « débat intense », Trump a délivré des dérogations à plusieurs pays alliés et non-alliés de l’Amérique pour continuer le commerce avec l’Iran. Parmi les exemptés, figurent, la Turquie, la Corée du Sud, le Japon et l’Inde, de grands acheteurs du pétrole iranien.
Après un débat acerbe, l’administration Trump a également accordé une dérogation à la Chine, dans l’espoir que cette décision permettrait à Pékin de se préparer davantage à un accord global sur le commerce. Des exemptions octroyées par l’administration Trump à quelques banques iraniennes pour effectuer des virements internationaux, révèlent également la faiblesse supplémentaire.
De même, la Russie et l’Arabie saoudite se sont accordées à réduire la production de pétrole, ce qui signifie une hausse des prix du brut. Entre-temps, des diplomates aux États-Unis, en Europe et en Asie de l’Est attendent de la Chine et de la Russie qu’elles continuent d’investir en Iran. Et peu importe ce que disent les États-Unis….
Source: PressTV