Un port en cours de développement dans la ville côtière de Chabahar, dans l’extrême sud-est de l’Iran, sur l’océan Indien, met en lumière certains des dilemmes auxquels sont confrontés les responsables américains dans l’application des sanctions contre Téhéran.
Selon une note parue le 28 octobre sur le site du Wall Street Journal, le port stratégique de Chabahar, en mer d’Oman, promet à l’Iran un développement économique, celui-là même que l’administration Trump tente de contrecarrer avec son prochain régime de sanctions. Car au terme de sa construction, le port jouera un rôle crucial dans l’exportation des produits non pétroliers aux pays de l’Asie centrale et du Sud, au-delà des rives du golfe Persique.
En mai 2016, l’Iran, l’Inde et l’Afghanistan ont signé un accord pour développer le port iranien de Chabahar et en faire un hub sur l’océan Indien afin d’accroître leurs échanges commerciaux.
L’épanouissement de l’économie de l’Afghanistan dépend aussi de ce projet, alors que le président américain Donald Trump a annoncé une nouvelle stratégie pour ce pays, consistant à renforcer les troupes déjà déployées.
Le port Shahid Beheshti de Chabahar pourra également rafraîchir l’économie de l’Inde qui est un important partenaire asiatique des États-Unis. New Delhi a demandé que les activités du port soient exonérées des sanctions américaines contre Téhéran.
Pour New Delhi, le projet de développement du port est primordial. Son intérêt est de contourner le rival pakistanais et de relier directement Mumbai et le Gujarat à l’Iran par voie maritime, selon les observateurs. C’est également la possibilité d’avoir un débouché dans l’océan Indien pour les pays d’Asie centrale et en particulier l’Afghanistan.
Ainsi, l’Inde crée sa propre route vers l’Asie centrale, permettant de soustraire l’Afghanistan à l’influence pakistanaise, et court-circuitant la Belt and Road Initiative chinoise.
En effet, le port de Chabahar se trouve tout proche de celui de Gwadar, dans le Baloutchistan pakistanais, dont le développement est opéré par Pékin.
Gwadar a pour fonction future de devenir le débouché chinois dans l’océan Indien; Chabahar devient ainsi son concurrent direct.
Le 15 février dernier, le président iranien Hassan Rohani s’est rendu à Hyderabad, en Inde, pour y rencontrer le Premier ministre Narendra Modi. Une rencontre qui a remis sur le devant de la scène le développement conjoint du port de Chabahar.
Pour l’heure, tous les efforts convergent pour contourner les sanctions américaines. L’administration américaine n’a toujours pas décidé d’exempter le projet de Chabahar, mais Trump a prévenu que les sanctions ne frapperaient pas l’Inde et l’Afghanistan.
Source: PressTV