Confronté à un tollé politique et aux menaces de représailles sur le commerce extérieur, le Premier ministre australien a semblé rétropédaler mardi au sujet d’un éventuel transfert de l’ambassade de son pays à Jérusalem, déclarant qu’il consulterait au préalable ses alliés.
Alors qu’il était accusé de jeter aux orties 70 ans de diplomatie à des fins de politique intérieure et que la presse rapportait que l’Indonésie pourrait suspendre un accord commercial bilatéral, Scott Morrison est venu dire au Parlement qu’aucune décision ferme n’avait été prise.
Quelques heures auparavant, M. Morrison avait convoqué une conférence de presse pour se dire « ouvert » à des propositions de reconnaissance formelle de Jérusalem AlQuds occupée comme capitale d’Israël et de transfert de l’ambassade d’Australie de Tel-Aviv dans cette ville.
Le Premier ministre a expliqué aux parlementaires qu’il « sonderait les vues » des dirigeants de la région sur l’idée d’emboîter le pas au président américain Donald Trump « avant que le gouvernement ne se fasse une opinion particulière sur cette question ».
La plupart des pays étrangers ont évité de loger leur représentation à Jérusalem occupée.
Trump y a néanmoins transféré l’ambassade des Etats-Unis en mai.
Des responsables australiens ont expliqué que les déclarations de M. Morrison coïncident avec une législative partielle cruciale pour son gouvernement puisque le résultat pourrait lui coûter sa maigre majorité parlementaire (un siège).
L’élection a lieu samedi dans une circonscription à forte population juive de Sydney et le candidat du Parti libéral (conservateur) de M. Morrison, un ancien ambassadeur d’Australie en Israël, est en retard dans les intentions de vote selon des sondages.
Si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué le projet australien de déménagement, son voisin indonésien, pays musulman le plus peuplé du monde, a mal réagi.
Un haut responsable indonésien à Jakarta, cité par la chaîne publique ABC, a déclaré qu’un vaste projet d’accord commercial — en négociation depuis cinq ans et qui doit être finalisé avant la fin de l’année — pourrait désormais rester au placard.
« Scott Morrison veut s’accrocher si désespérément à son boulot qu’il est prêt à dire n’importe quoi qui pourrait lui valoir quelques voix supplémentaires, même aux dépens de l’intérêt national », a accusé Penny Wong, porte-parole de l’opposition travailliste.
Morrison a pris les rênes du gouvernement en août à la faveur d’un putsch de la frange la plus conservatrice au sein du Parti libéral qui a évincé le modéré Malcom Turnbull. Le gouvernement de celui-ci s’était distancié de la décision américaine sur Jérusalem occupée, estimant qu’elle ne contribuait pas au processus de paix entre ‘Israël’ et les Palestiniens.
Source: Avec AFP