Abdel Fattah al-Sissi a gracié jeudi 82 personnes emprisonnées, principalement des étudiants mais aussi un islamologue réformiste, a indiqué la présidence égyptienne, au moment où les autorités sont accusées de réprimer toute opposition.
Le président Sissi, l’ex-chef de l’armée qui a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013, est régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l’Homme d’avoir instauré un régime ultra-répressif ne tolérant aucune dissidence.
Selon la télévision d’Etat, les mesures de pardon concernent 82 « jeunes ».
Le comité mis en place pour établir la liste de détenus pouvant bénéficier d’un pardon s’est en effet concentré sur « les étudiants des universités » qui faisaient l’objet d’un verdict non susceptible d’appel, a indiqué à l’AFP Nachoua el-Hofy, membre de ce comité.
Mais parmi les individus graciés figure aussi l’islamologue de renom Islam al-Beheiri, selon le porte-parole de la présidence Alaa Youssef.
Cet intellectuel favorable à une interprétation plus moderne de l’Islam, qui présentait une émission à la télévision, avait été condamné en décembre 2015 à un an de prison pour « insulte à la religion ». Il avait critiqué certains écrits canoniques de l’islam et des ouvrages de penseurs classiques qui sont selon lui à l’origine de l’extrémisme religieux.
Fin octobre, le président Sissi avait promis le réexamen d’une loi controversée encadrant le droit à manifester, qui a conduit à l’emprisonnement de centaines de personnes, notamment des figures de l’opposition.
Dans les mois qui ont suivi l’éviction de M. Morsi, plus de 1.400 manifestants islamistes ont été tués par les forces de sécurité, tandis que des dizaines de milliers ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse.
La répression s’est rapidement élargie aux mouvements de la jeunesse laïque et de gauche, fer de lance de la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir.
En septembre 2015, une centaine de personnes avaient bénéficié d’une grâce présidentielle, notamment deux journalistes de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera, le Canadien d’origine égyptienne Mohamed Fahmy et l’Egyptien Baher Mohamed, ainsi que des militants de l’opposition laïque et libérale.
Source: AFP