Chinois et Américains se disent prêts à reprendre langue pour éviter une escalade de leur guerre commerciale, qui commence à faire souffrir les entreprises de l’Oncle Sam implantées chez le grand rival asiatique.
Plus de deux mois après s’être imposés mutuellement des droits de douane punitifs, les deux premières économies mondiales montrent des velléités de mettre fin à leur dialogue de sourds, alors même que le président américain Donald Trump menace de frapper quatre fois plus fort.
Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a proposé au gouvernement chinois de reprendre les discussions, a rapporté mercredi le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow.
« M. Mnuchin, qui est à la tête de l’équipe chargée de la Chine, a semble-t-il envoyé une invitation » à reprendre les discussions, a déclaré M. Kudlow. « Parler vaut mieux que ne pas se parler, je pense que c’est une bonne chose », a-t-il ajouté.
Interrogé, le ministère chinois du Commerce a salué jeudi l’offre américaine, sans préciser si les discussions pourraient avoir lieu à Pékin ou à Washington.
« La Chine a bien reçu une invitation (à négocier) de la part des Etats-Unis et s’en félicite », a déclaré devant la presse le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng. « La Chine estime que l’escalade du conflit commercial n’est dans l’intérêt d’aucune des parties », a-t-il ajouté, précisant que les deux pays discutaient actuellement des détails d’une possible rencontre.
Ces espoirs de reprise des négociations ont soutenu les places boursières asiatiques, particulièrement Hong Kong, qui a repris 2,54% jeudi après six séances de repli.
Les Américains délocalisent
L’administration Trump, qui dénonce le colossal excédent bilatéral de Pékin, menace d’imposer de nouveaux droits de douane punitifs sur 200 milliards de dollars d’exportations chinoises annuelles à destination des Etats-Unis.
Washington a déjà imposé ces deux derniers mois des sanctions sur des produits chinois représentant 50 milliards de dollars d’importations annuelles. Pékin a répondu immédiatement en frappant le même montant d’exportations américaines.
Mais la Chine important nettement moins de produits des Etats-Unis qu’elle n’en exporte, Pékin ne serait pas en mesure de frapper 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires en représailles à d’éventuelles nouvelles sanctions américaines.
Selon une étude réalisée par la Chambre de commerce américaine en Chine et publiée jeudi, 60% des entreprises américaines implantées dans le pays asiatique ont dit ressentir l’incidence des hausses de droits de douane entrées en vigueur des deux côtés du Pacifique.
Un grand nombre d’entreprises américaines produisent en Chine des marchandises qu’elles exportent ensuite vers la première économie mondiale.
Les trois quarts des entreprises interrogées disent en outre s’attendre à ressentir les effets de la deuxième salve que menace de tirer Donald Trump.
L’inquiétude ambiante perturbe les décisions d’investissement, a commenté le président de la Chambre de commerce américaine en Chine, Alan Beebe, interrogé par l’AFP.
Sans attendre, près d’un tiers des entreprises interrogées ont commencé à délocaliser leurs chaînes de production hors de Chine ou des Etats-Unis, selon l’enquête. La même proportion retarde, voire annule des décisions d’investissement.
D’après le sondage, 42% des entreprises américaines affirment que leurs produits se vendent moins bien auprès des consommateurs chinois. D’après M. Beebe, cela peut être dû au fait qu’ils se sont renchéris, ou alors parce que les Chinois renoncent à acheter américain en réaction à la guerre commerciale.
La moitié des sociétés gagnent moins d’argent en Chine et font état de coûts de production accrus. Certains de leurs salariés en paient le prix, 12% des entreprises disant avoir réduit leurs effectifs.
Source: AFP