Le sommet tripartite qui réunit à Téhéran les trois présidents russe, iranien et turc pour décider du sort de la province d’Idleb s’est terminé. Dans son communiqué final, force est de constater qu’il n’y a eu aucune allusion à l’opération militaire que le gouvernement syrien a préparée pour en déloger les groupes terroristes. Tout porte à croire qu’elle a été reportée.
Les choses sur lesquelles MM Vladimir Poutine, Hassan Rohani et Recep Tayyip Erdogan ont convenu, selon l’agence iranienne Fars News, sont entre autre: l’unité des territoires syriens, leur souverainté , tout en prenant en compte tous les protagonistes.
Les trois hommes ont aussi convenu d’oeuvrer ensemble pour éliminer les groupes terroristes.
Selon Fars news, le président turc a insisté pour que la réconciliation soit comprise dans le texte. Ce que le président russe a qualifié de « demande juste » , tout en observant que les factions en guerre ne sont pas présentées dans la rencontre. M. poutine a refusé que l’on puisse parler au nom du front al-Nosra et de Daech et réclamé qu’ils cessent leurs attaques.
M. Rohani a lui aussi acquiscé la demande de son homologue turc, stipuant toutefois que « tous les terroristes jettent les armes ».
Ces trois acteurs qui pilotent le processus d’Astana, série de discussions de paix lancée après l’intervention militaire russe de 2015, avaient aussi exprimé des déclarations qui en disent long sur leurs positions.
Damas a le droit
Pour le numéro un russe, le gouvernement syrien « a le droit » de reprendre le contrôle de la totalité du territoire national.
« Le gouvernement syrien a le droit de prendre sous son contrôle la totalité de son territoire national, et doit le faire », a-t-il déclaré.
M. Poutine a accusé les « éléments terroristes à Idleb de « continuer les provocations, les raids à l’aide de drones, les bombardements ».
« Nous ne pouvons pas l’ignorer (…) Nous devons régler ensemble ce problème », a-t-il ajouté.
Sans terre brûlée
La position du président iranien n’est pas si eloignée de celle de son homologue russe. Selon lui , il faut en venir à bout des « terroristes », mais sans « terre brûlée ».
« Combattre le terrorisme à Idleb est une partie inévitable de la mission consistant à ramener la paix et la stabilité en Syrie », a déclaré M. Rohani à l’ouverture du sommet.
Il a néanmoins souligné que « ce combat ne doit pas faire souffrir les civils ou entraîner une politique de la terre brûlée ».
Un bain de sang
Quant au dirigeant turc, dont la position se démarque de celle de ses deux prédecessuers, il a mis en garde contre un « bain de sang » en cas d’offensive du pouvoir sur cette province du nord-ouest de la Syrie.
Une offensive sur Idleb provoquerait « une catastrophe, un massacre et un drame humanitaire », a déclaré de son côté M. Erdogan. « Nous ne voulons absolument pas qu’Idleb se transforme en bain de sang », a-t-il ajouté.
Une déclaration commune, déjà prête selon la partie iranienne, doit être lue à l’issue du sommet, qui pourrait être suivi d’une conférence de presse.
La Turquie, dispose elle aussi de troupes à Idleb et craint un afflux massif de réfugiés sur son territoire.
Depuis l’annonce des préparatifs pour la libération de la province d’Idleb, des dizaines de milliers de civils ont fui la zone.
Selon l’AFP, MM. Erdogan et Rohani se sont rencontrés en tête-à-tête avant la réunion trilatérale. Le président turc s’est ensuite entretenu seul à seul avec M. Poutine.
La rencontre de Téhéran a lieu quelques heures seulement avant une autre réunion sur la situation à Idleb, convoquée par les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU.
Conquis en 2015 par les insurgés, la province d’Idleb est à 60% de son territoire occupé par les milices jihadistes takfiristes qui tournent autour de la mouvance d’Al-Qaïda. Elles sont regroupées dans le cadre de la coalition Hayat tahrir al-cham et dirigées par le front al-Nosra.
Des milliers de miliciens de groupes radicaux et les membres de leurs familles ont aussi été acheminés dans cette province après les opérations militaires qui ont été menées dans plusieurs provinces, dont Alep, Homs, la Gouta orientale et le sud syrien, assorties de réconciliations et d’accords d’évacuation.
Source: Divers