Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a rencontré le mercredi 5 septembre à Islamabad le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, dans l’espoir de rétablir les relations tendues par la guerre en Afghanistan et d’autres problèmes.
Les médias locaux pakistanais ont déclaré que la réunion de mercredi a principalement porté sur les perspectives d’une fin négociée de la guerre.
Khan est un critique acharné des politiques de Washington dans la région.
Il a déclaré lors de sa rencontre avec la délégation américaine que son pays ne pouvait pas répondre positivement à toutes les demandes des États-Unis, a rapporté le correspondant de Fars News à Islamabad, rapporte le site iranien francophone Parstoday.
Selon l’agence, Pompeo a également rencontré le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.
Celui-ci a explicitement dit à son homologue américain que Washington devait payer ses dettes à Islamabad, tout en ajoutant que le Pakistan n’en avait pas besoin. Il a noté que les États-Unis devaient cesser d’accuser le Pakistan de coopération avec le terrorisme, car Islamabad lutte constamment contre ce phénomène, a-t-il dit.
De hauts responsables civils et militaires à Islamabad ont souvent déclaré que le gouvernement américain faisait du Pakistan un bouc émissaire pour cacher l’échec de Washington en Afghanistan.
« Le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi souligne la nécessité de rétablir les relations bilatérales sur la base de la confiance et du respect mutuels », a déclaré sur Twitter le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Mohammad Faysal , en affichant une photo de la rencontre entre Pompeo et Qureshi.
Pompeo a également rencontré le chef de l’armée pakistanaise, Qamar Javed Bajwa, avant de se rendre en Inde, voisin et ennemi acharné du Pakistan.
L’ancien directeur de la CIA, effectuant sa première visite en tant que haut diplomate américain auprès de cet allié dont le soutien est vital dans le conflit afghan, a déclaré qu’il espérait « rétablir les relations » avec le Pakistan.
Dans l’avion en provenance des États-Unis, Pompeo a déclaré aux journalistes : « Il existe de nombreux défis entre nos deux pays, mais nous espérons que grâce au nouveau leadership, nous pourrons trouver un terrain d’entente pour nos problèmes. »
Le général américain Joseph Dunford, président du Comité des chefs d’état-major des armées, également en visite au Pakistan, a déclaré que la stratégie du président Donald Trump en Asie du Sud définissait clairement ses attentes pour le Pakistan, y compris l’aide au processus de paix en Afghanistan.
Les réunions se déroulent dans un contexte marqué par les tensions entre Washington et Islamabad, ainsi que par le gel de l’aide militaire américaine en raison, selon les USA, de la répugnance du Pakistan à sévir contre les terroristes qui se réfugient sur son territoire. Le Pakistan affirme que les coupes budgétaires sont injustifiées, car ces dépenses sont consacrées à la lutte contre les groupes qui représentent un danger pour les troupes américaines en Afghanistan.
En août dernier, Trump avait dénoncé Islamabad pour avoir offert un refuge aux « agents du chaos ».
« Nous ne pouvons plus nous taire sur le refuge accordé par le Pakistan aux organisations terroristes, comme les talibans et d’autres groupes qui constituent une menace pour la région et au-delà », avait déclaré M. Trump dans un discours sur la politique américaine en Afghanistan.
Début 2018, les autorités américaines ont suspendu des centaines de millions de dollars d’aide consacrée à Islamabad, à la suite des menaces proférées par Donald Trump sur Twitter.
« Les États-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d’aide au Pakistan ces 15 dernières années, et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n’est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots. Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C’est fini ! », avait lancé M. Trump dans son premier tweet de l’année, le 1er janvier 2018.
Cependant, les Américains n’ont pas exclu la reprise de leur aide au cas où le Pakistan « changerait de comportement ». Or ce changement, d’après Washington, n’a pas été au rendez-vous.
Pompeo a également confirmé que Zalmay Khalilzad, ancien ambassadeur américain à Kaboul, à Bagdad et aux Nations unies, serait chargé de diriger les efforts de paix en Afghanistan.
« Il a été très critique envers le Pakistan dans le passé et sa nomination ne contribuera pas à faire avancer les choses », a jugé Zahid Hussain, analyste de la défense, et selon lequel la nomination de Khalilzad en tant que conseiller spécial sur la réconciliation en Afghanistan pourrait compliquer son travail.
Les gouvernements américains successifs ont critiqué le Pakistan pour ses liens supposés avec les éléments talibans et pour avoir hébergé Oussama ben Laden, le défunt chef d’al-Qaïda.
Source: Avec parstoday